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« Est-ce que j'ai une gueule à faire l'amour avec des souvenirs ? » Les inoubliables dialogues de Jacques Prévert
« Est-ce que j'ai une gueule à faire l'amour avec des souvenirs ? » Les inoubliables dialogues de Jacques Prévert

Le Figaro

time27-07-2025

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« Est-ce que j'ai une gueule à faire l'amour avec des souvenirs ? » Les inoubliables dialogues de Jacques Prévert

Répliques inoubliables, réparties légendaires, expressions mémorables : tout l'été, nous rendons hommage aux dialoguistes qui ont marqué l'histoire du cinéma français. Un véritable homme de Paroles ! Jacques Prévert, immense poète, demeure également dans la mémoire collective comme un dialoguiste hors pair. « T'as de beaux yeux, tu sais », inoubliable affirmation lancée par Jean Gabin à Michèle Morgan dans Le Quai des brumes, c'est lui ; « Moi, j'ai dit bizarre ? Comme c'est bizarre », réplique culte de Louis Jouvet à Michel Simon dans Drôle de drame, c'est encore lui ; « Paris est tout petit pour ceux qui s'aiment, comme nous, d'un aussi grand amour », illustre citation d'Arletty dans Les Enfants du paradis, c'est toujours lui. - On vous croit morte, on me prend pour un assassin ! – Si nous avouons la vérité, on nous prendra pour des imbéciles, c'est encore plus grave ! « Drôle de drame » , 1937 Autant dire que Marcel Carné, qui a réalisé ces trois chefs-d'œuvre, lui devait beaucoup. Tout comme Jean Renoir, qui a sollicité ses talents pour Le Crime de M. Lange, ou Jean Grémillon, qui a bénéficié de son précieux concours pour Remorques et Lumière d'été. Au point d'être relégués eux-mêmes, parfois, au second plan… « Combien de fois n'avons-nous pas entendu : 'c'est un film de Jacques Prévert' ? » indiquait Carole Aurouet, auteur de Prévert et le cinéma (Nouvelles Éditions Place). Publicité Zoom arrière. À la fin des années 1920, l'homme s'essaie d'abord aux métiers de scénariste et d'adaptateur. Au 54 de la rue du Château (Paris 14e), il retrouve ses amis surréalistes Marcel Duhamel, Yves Tanguy ou Raymond Queneau. Les projets se multiplient. Son amour immodéré des mots, son sens aigu de l'observation et son registre entre légèreté et sérieux font merveille. Son appartenance au groupe Octobre – une troupe de théâtre d'agit-prop fondée en 1932 – contribue aussi à son apprentissage. Il y apprend à écrire vite et bien. Viennent les débuts du cinéma parlant. Il se lance dans l'aventure. Son frère Pierre – opérateur, futur réalisateur – l'encourage dans cette voie. À lire aussi Tout le monde ne savait pas parler «le Audiard» : hommage au légendaire dialoguiste du cinéma français Un dialoguiste méticuleux Sa méthode de travail est singulière. Sur une feuille, il note à gauche le nom des personnages et consigne à droite des bribes de dialogues. Le tout traversé de traits horizontaux, de flèches, de dessins… « Fidèle à son apparence futile, Prévert s'organisait de curieuse façon », témoignait Claude Autant-Lara. Mais il vise juste. « Le langage utilisé par ses personnages est dénué de préciosité, selon Carole Aurouet. Cette sobriété dans la forme renforce la portée des dialogues, en leur donnant l'apparence de la fragilité. Ce langage se fonde aussi sur des jeux de mots et sur le détournement de lieux communs pour lutter contre les idées reçues et les réflexes conditionnés. Prévert a en effet gardé de son expérience surréaliste (1924-1930) une manière personnelle de dynamiter les automatismes langagiers. Les effets sont comiques et la répétition y contribue : dans Drôle de drame, l'évêque (Louis Jouvet) assène : 'Vous lisez les mauvais livres écrits avec la mauvaise encre du mauvais esprit.' » Pourquoi tu souris ? – Je sais pas. Je croyais que la vie était tellement triste et puis je vois tout d'un coup que je me suis trompée, alors je suis contente. « Le Quai des brumes », 1938 Bien qu'il se revendique rêveur et paresseux, l'homme est réputé pour sa méticulosité. « Prévert, pour moi, c'est un peu le Malraux du café du Commerce, expliquait drôlement l'écrivain Noël Herpe sur France Culture. Il a une sorte de lyrisme, il part de choses extrêmement banales et simples qui, à force d'être répétées, sculptées, scrutées, creusées, deviennent poétiques. » De lui, on retient aussi sa collaboration avec Paul Grimault pour Le Roi et l'Oiseau. Très affaibli, il trouva la force d'en ciseler les ultimes dialogues. « Et s'il n'en reste qu'un, nous serons ces deux-là », écrivit-il à son ami, la veille de sa mort. Encore un mot superbe !

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